Sulpicia sourit en entrant dans sa nouvelle maison pour quelques temps. Elle pouvait voir qu’Aro n’avait pas menti quand il avait dit avoir fait le nécessaire. Elle était pour commencer tout simplement immense et bien que d’apparence elle soit d’une élégance discrète, l’intérieur était indécent tant chaque coin de la maison était agencé de bois exotiques, de meubles hors de prix, de tableaux de maître… Cependant, loin d’être surchargé, cela rappelait les règnes des grands rois de France. Sulpicia aurait certainement choisi une décoration moins onéreuse, mais elle appréciait tout de même l’élégance et le confort qui se dégageait de l'ensemble. Cela ne faisait pas figé comme dans une vitrine de luxe, mais au contraire tout se coordonnait parfaitement et rehaussait la beauté du tout, sans faire prétentieux. Elle regarda le chauffeur du taxi et lui tendit un pourboire généreux en raison du travail qu’elle lui avait donné avec ses innombrables valises. Elle lui fit un sourire tant en rajustant ses cheveux et le regarda tituber jusqu’à la sortie puis repartir. Avec un air moqueur, elle enleva alors ses lunettes noires, cachant ses yeux rubis et défroissa sa robe couleur crème en taffetas de soie. Heureusement, qu’elle avait copieusement dîné avant de partir car sinon le voyage aurait été un véritable enfer. Car oui, on lui avait bien dit que prendre l’avion puis un transport quelconque serait une perte de temps, mais Sulpicia considérait qu’elle avait un certain standing à respecter, ainsi elle ne pouvait partir sans ses valises. Ses valises contenaient ses tenues toutes plus somptueuses les unes que les autres, sans compter ses chaussures chéries et des bijoux hors de prix.
Et puis, ainsi elle avait laissé Bella seule un petit moment, le temps que celle-ci se réapproprie ses souvenirs. Car elle se doutait bien, qu’une fois arrivée à Forks elle aurait envie d’être un peu seule pour faire le point. Mais maintenant, elle était enfin là et elle allait l’aider à gérer la situation. Elle avait promis de l’accompagner et d’être là pour elle peu importe ce qui se passerait et elle comptait bien tenir cette promesse. Elle attrapa ses valises qui bien évidemment pour elle ne pesait presque rien et les monta à l’étage dans une pièce qu’elle reconnut tout de suite comme étant sa chambre. Avant de les déballer, elle sortit dans le couloir et vit qu’il y avait d’autres chambres qui attendaient plusieurs membres de la famille qui avaient décidés ou étaient désignés pour les accompagner. Il aurait été après tout fou de croire qu’Aro n’enverrait personne pour s’assurer de la sécurité de sa femme et d’un de ses joyaux.
Sulpicia sortit de ses pensées et regarda par la fenêtre le paysage qui s’offrait à elle. Elle ne savait pas si c’était parce qu’elle était loin de son époux, mais tout lui semblait bien fade à Forks. Les couleurs ne paraissaient exister qu’en dégradé plutôt foncé de verts et de marrons. De plus, les nuages sombres qui passaient dans le ciel laissaient maintenant échapper des trombes d’eau. Elle était mélancolique de Volterra et son temps ensoleillée, de ses fêtes colorées et son ambiance vivante. Peut-être était-ce là son côté italien qui se rappelait à elle ? Elle aimait le bruit, les fêtes, l’agitation, ainsi la tranquillité de Forks lui apparaissait comme étant mortellement ennuyeuse. En plus de 1000 ans, elle ne se rappelait pas avoir jamais vu un lieu aussi calme. C’était vraiment le parfait repère de vampires ; 364 jours de pluie sur 365, ville isolée, une forêt immense… Il n’y a que le voisinage qui était fortement déplaisant, mais bon il n’était pas dans ses intentions de faire la conversation aux sacs à puce ni même de les croiser, elle irait chasser ailleurs pour ne pas avoir à se faire réprimander.
Elle sourit alors qu’elle entendit la porte s’ouvrir et qu’un parfum bien connu se faisait sentir. Elle se retourna alors pour l’accueillir chaleureusement.

Bella ! Comme je suis contente de te voir !

Toujours aussi exubérante, elle serra la jeune fille dans une étreinte amicale avant de la relâcher doucement. Comme à son habitude quand elle était avec des gens de confiance, elle faisait les choses sans aucun faux semblants, mais au contraire avec une sincérité désarmante. Et comme, en plus il n'y avait personne pour les observer, elle pouvait agir à sa guise.
Cependant, elle finit par prendre une mine inquiète tout en attrapant une des mains de la jeune femme dans les siennes.

Comment vas- tu ? Et attention, sois honnête !

Elle espérait qu'elle n'aille pas trop mal après s'être replongée dans la vie qu'elle avait "quittée" et oubliée trois ans auparavant.

« Ma foi, je vais du mieux que je peux. Je n’ai rien découvert de plus qu’hier. »

Elle contempla son visage où la lassitude était inscrite et cela la ramena le jour où Aro la lui avait présentée. Il avait été intenable alors qu’il lui parlait de son don et de tout ce que cela pouvait leur amener. Pour sa part, elle était restée silencieuse, l’écoutant patiemment, se retenant de soupirer face à son ambition. Elle l’avait contemplé avec amusement et indulgence, de la façon dont on fixe un enfant capricieux qu’on ne peut changer de trouver attendrissant. Puis son attention s’était porté sur elle, tout ce qu’elle avait vu était une splendide mais frêle jeune femme. Il lui avait alors semblé qu’elle n’était pas à sa place auprès d’eux. Mais malgré cette douceur et cette fragilité qui avait émané d’elle, elle s’était faite une place parmi eux et personne n’avait de reproches à lui faire tant elle avait été agréable à vivre. Mais même maintenant, elle se souvenait de cette impression qu’elle avait, l’impression de voir une enfant et non un dangereux vampire. Et après tout, il était vrai que part rapport à ses 1000 ans, ses 20 ans ne pesait pas bien lourd. Cependant, elle avait fini par dépasser cette première impression pour ne voir que le jeune femme qu’elle était. Et, elle s’était attachée à elle. De façon entière, elle l’avait approchée et l’avait aidé, de façon visible ou plus discrètement, veillant sur elle de loin ou envoyant des personnes de confiance s’assurer qu’elle allait bien.
Elle la considérait maintenant comme faisant partie de sa famille. Elle faisait en sorte de raisonner son époux quand il lui faisait de ses intentions à son égard, et jusqu’à maintenant ses menaces avaient fait leur effet, à tel point qu’il les avait laissée venir à Forks sans émettre d’objections. Elle restait tout de même prudente, sachant parfaitement que son époux n’aurait tôt de même pas accepté si facilement sans avoir quelque chose à l’esprit. Ainsi, elle lui avait demandé de ne pas écouter Caïus, car celui-ci était du point de vue de Sulpicia le plus dangereux des trois, bien qu’Aro soit plus sournois et rusé que son frère, il était plus mesuré. Elle avait donc le fol espoir qu’il ne déclenche aucune catastrophe. Autant, elle pouvait être sans pitié et appuyer ses décisions sans sourciller, autant elle voulait que tout se passe bien et que ce soit une histoire qui se finisse bien. Il y avait une différence entre s’en prendre à des inconnus – certes plus ou moins coupables - et qu’il fasse quelque chose qui pourrait compromettre le bonheur de son amie.

Elle observa Bella faire la moue et écouta sa réponse. Elle serra sa main pour lui transmettre sa tristesse face à cette nouvelle. Elle souhaitait vraiment qu’elle trouve des réponses et que celles-ci l’apaisent.

« Ma foi, je vais du mieux que je peux. Je n’ai rien découvert de plus qu’hier. »

Cela fait vraiment très peu de temps. Je sais que ce n’est pas facile, mais penses à autre choses, sinon tant que tu n’auras rien trouvé tu resteras dans cet état de mélancolie...

Elle la fixa avec affection et lui sourit avec malice, ouvrant ses bras.

Tu veux peut-être un gros câlin pour te remonter le moral ?

Déjà que d’habitude, Sulpicia avait tendance à agir à sa guise, elle ne risquait pas de se clamer alors qu’elles étaient seulement toues les deux. Elle eut un sourire amusé, en songeant à la tête qu’aurait fait certains Volturis en voyant son attitude.